1 novembre 2015

Recension : Buisson ardent - Cahiers Saint-Silouane l'athonite n°11



Émilie van Taack, L'Icône comme Évangile, in Buisson ardent-Cahiers Saint-Silouane l'Athonite, n° 11, Simplicité et sagesse, Éd. Sel de la Terre, 2005, p.98-123.

Dans ce numéro de la revue de l’association Saint-Silouane l'Athonite, se trouve un excellent article d’Emilie van Taak, tout d’abord donnée en conférence le 16 avril 2003 à la paroisse orthodoxe Stes Parascève et Geneviève (crypte de l’église St-Sulpice) à Paris.


Emilie van Taack iconographe bien connu en France, nous livre ici un article de haute qualité sur l’importance fondamentale de l’icône pour la foi orthodoxe. Après nous avoir fais partager ces réflexions sur l’icône comme prédication de l’évangile, elle poursuit par l’analogie entre icône et Évangile, approfondissant ici le sens des textes des Pères du VIIe concile œcuménique et du Synodikon de l’Orthodoxie.
Nous montrant l’importance des sens pour la prédication apostolique du message évangélique « ce que nous avons vu et entendu » (I Jn 1:3), l’icône et l’évangile nous le manifeste aujourd’hui, sanctifiant ainsi notre ouïe et notre vue selon l’expression de saint Jean Damascène (3e traité à la défense des stes icônes XII). 
Il s’agit d’ailleurs d’un point que n’a pas réussi à assimiler la théologie occidentale, où persiste des relents de théologie iconoclaste, pour laquelle la vision sensible de Dieu fait homme, n’était qu‘une étape nécessaire, aujourd’hui dépassé, pour amener l’homme à une vision intelligible de Dieu « Dieu est esprit et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité » (Jn 4:24). Manifestant ainsi une compréhension superficielle de la théologie de l’image dans l’Évangile, ce qui va toujours de pair avec une compréhension partielle du mystère de l’incarnation. La seule image acceptable depuis l’ascension étant donc celle de l’eucharistie, ce qu’affirmait également les iconoclastes byzantins et que les latins mèneront à terme par l’ « adoration du saint sacrement ». L’auteur nous montre donc cette tendance qui traverse toute la théologie occidentale, d’Augustin à Thomas d’Aquin, de Bernard de Clairvaux à François d’Assise, ce dernier pour qui la vision du Christ incarné par ses contemporain a été remplacée par la « contemplation du saint sacrement » (au lieu de l’icône) ira dans son artolatrie (adoration du pain) débordante jusqu’à porter plus de vénération au livre liturgique contenant les « paroles consécratoires », qu’à l’évangile lui-même. L’auteur montre bien ici toute les inconséquences et dérives de cette pratique. 
La tendance occidentale à la vénération « en esprit » (intelligible) uniquement a déjà été réfutée par les Pères iconophiles et notamment Théodore studite, cité par l’auteur.
Nous sommes loin de l’équilibre théologique des pères conciliaires pour qui Parole (Evangile) et Image (icône du Christ) sont deux manifestations irréductibles du Dieu-Homme.
L’icône bien loin d’être un simple élément ornementale du décorum liturgique, dévoile tout l’importance théologie qui lui est ontologique.

On trouvera également dans ce numéro un article du Père Nicolas Ozoline « Tradition chrétienne et créativité dans les arts liturgiques », publié la même année dans l’ouvrage de Stéphane Bigham « Iconologie, neuf études », Ed. Orthodox Research Institute, dont nous reparlerons.

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