22 avril 2023

LES ICONES PASCALES ORTHODOXE


LES ICONES PASCALES ORTHODOXE
par Léonid Ouspensky


Sous une forme sobre, claire et concise les icônes pascales orthodoxes expriment l'intensité du contenu intérieur de la Fête de Pâques et sa joie triomphante, révélant jusque dans leurs profondeurs les vérités enseignées par l'Eglise Orthodoxe sur cette « fête des fêtes et triomphe des triomphes qui surpasse tous les triomphes, non seulement humains et terrestres, mais aussi ceux du Christ.et célébrés pour le Christ, autant que le soleil surpasse les étoiles » (1).


L'iconographie de la Résurrection du Christ est presque aussi ancienne que le christianisme lui-même. Au cours des premiers siècles la Résurrection était représentée par sa préfiguration dans l'Ancien Testament — le prophète Jonas rejeté des entrailles du monstre marin. Cette représentation se rencontre dans les fresques des catacombes romaines (celles de Priscille et de Callixte) à partir du II° siècle. Au cours des siècles suivants apparaissent dans l'usage liturgique, l'une après l’autre, en remplacement de l'image de l'Ancien Testament, deux représentations, dont chacune correspond à un des aspects principaux de l'enseignement de l'Eglise sur la Résurrection du Christ : les Saintes Femmes au Tombeau et la Descente aux enfers. La première représente ce qui suivit la Résurrection du Christ dans Sa chair, l'aspect historique de la Fête, et nous montre le Dimanche de Pâques ; elle apparaît très tôt. Suivant les suppositions des archéologues cette image existait déjà dans les fresques de l'église chrétienne de Doura Europos de 232 (2). Elle figurait probablement aussi dans la rotonde construite par Saint Constantin le Grand sur le lieu du sépulcre du Christ. Plus tard nous la rencontrons souvent sur les ampoules de Monza (entre le IV° et le VI° siècles) qui reproduisent, suivant l'opinion généralement admise, les mosaïques des églises érigées par Saint Constantin. La seconde représentation de la Résurrection, la Descente aux limbes, image symbolique, indique ce qui ne peut être rendu autrement que par des symboles : le sens intérieur de la Résurrection, l'événement du Samedi Saint, ce qui a précédé la -Résurrection du Christ dans la chair. La plus ancienne représentation connue de la Descente aux enfers date du VI° siècle et se trouve sur une colonne du ciborium de la cathédrale Saint-Marc à Venise. Ces deux images sont dans l'Eglise Orthodoxe les icônes de la Fête de Pâques. Dans la décoration des églises elles se trouvent habituellement à côté l'une de l'autre et se complètent mutuellement. En Occident ces deux compositions existaient encore au XIII° siècle comme iconographie de la Résurrection du Christ.


Comme nous le savons, les récits évangéliques se taisent sur la Descente aux limbes ; toutefois, l'Apôtre Pierre évoque cet événement mystérieux dans les paroles inspirées qu'il prononça le jour de la Pentecôte (Actes, 2 14 - 18). Il dit aussi dans sa première épître (1 Pierre, 3,19) : « Il est allé prêcher aux esprits en prison ». Saint Jean Damascène dans « De Fide Orthodoxa » explique plus amplement le sens de cet événement : « L'âme déifiée du Christ descend en enfer afin que, de même que le Soleil de la Justice (Malach. 4,2) s'était levé sur les habitants de la terre, la lumière resplendisse sur les habitants du pays de l'ombre et de la mort (Is. 9,1) ; afin que, de même que le Seigneur avait annoncé la paix, la délivrance des captifs, le recouvrement de la vue aux aveugles (Luc 4, 18-19 ; Is. 61,1) aux habitants de la terre et était devenu pour les croyants la cause du salut éternel et pour les incroyants la confusion de leur incrédulité, de la même façon II l’annonçât à ceux qui se trouvent en enfer et que « tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre » (Philip. 2,10) (3). La libération d'Adam et des justes de l'Ancien Testament, thème principal des services liturgiques du Samedi Saint, résonne dans toute la liturgie pascale ; il est inséparable de la glorification du Ressuscité. Le chant 6 du Canon pascal l'exprime de la façon la Plus claire et la plus frappante : « Tu es descendu dans les profondeurs de la terre, Tu as brisé les verrous éternels retenant les captifs, ô Christ, et le troisième jour, comme Jonas hors du monstre marin, Tu es ressuscité du tombeau ». Cet événement est inséparable dans la même mesure de l'enseignement de l'Eglise sur la Rédemption. Adam étant mort, l'abaissement du Rédempteur qui avait assumé sa nature, devait aller jusqu'aux mêmes profondeurs où était descendu Adam. Autrement dit, la descente aux enfers est la limite extrême de l'abaissement du Christ, en même temps que le début de Sa gloire.


L'icône, en accord avec l'enseignement de l'Eglise, indique ce qui est au-delà des conceptions humaines, le sens spirituel de la résurrection — le séjour de l'âme du Seigneur en enfer, et révèle le but et les conséquences de ce séjour. Conformément au sens de l'événement, l'action a pour cadre les entrailles ouvertes de la terre, l'enfer qui est représenté symboliquement sous forme d'un noir abîme béant.


Au centre de l'Icône le Christ forme un frappant contraste avec ce qui l'entoure par Sa position et Ses couleurs. Son geste, souligné par Son manteau flottant, contraste non moins vivement avec les deux groupes de personnages des deux côtés de l'icône et communique à l'image un caractère dynamique et éclatant qui correspond au caractère spécifique de la liturgie pascale (4). Le Christ est habituellement représenté entouré d'une mandorle, auréole lumineuse, symbole de Sa gloire, attribut du corps glorifié du Christ, hors du plan de l'existence terrestre. Elle représente un des attributs les plus expressifs et les plus majestueux du Seigneur. C'est un symbole iconographique sous forme de cercle ou d'ovale qui représente les sphères célestes, la gloire divine, la lumière. Cette auréole consiste en plusieurs cercles concentriques, parfois réduits à un seul, mais habituellement au nombre de trois, le plus souvent de bleus différents, traversés de rayons émanant du Seigneur. A la périphérie, ces cercles sont souvent semés d'étoiles Ou de petits nuages. Les vêtements du Christ ici ne sont plus ceux de Sa vie terrestre ; ils sont d'un jaune doré et couverts de rayons d'or. C'est le vêtement de gloire, car le Christ apparaît en enfer non comme son prisonnier, mais comme Vainqueur et Libérateur de ceux que l'enfer retient. Il n'a plus l'aspect d'esclave ; Il est le Maître de la vie ; car, « quoique le Christ soit mort en tant qu'homme et Son âme sainte se soit séparée de Son corps très pur, Sa Divinité resta inséparable des deux, — j'entends l'âme et le corps » dit Saint Jean Damascène (5). Les ténèbres de l'enfer s'emplissent de lumière, du rayonnement de la gloire du Dieu-Homme descendu jusqu'en ses profondeurs. C'est déjà la lumière de la résurrection, les rayons et l'aurore montante de Pâques. Dans Sa main gauche le Christ tient un rouleau, symbole de la prédication de la résurrection à ceux qui sont aux enfers, suivant le témoignage de l'Apôtre Pierre. Parfois au lieu du rouleau Il tient une croix qui n'est plus ici instrument de mise à mort honteuse, mais symbole de victoire sur la mort, ou plutôt l'instrument qui libéra de la mort l'homme racheté.

Le Rédempteur foule aux pieds deux panneaux croisés, — les portes brisées de l'enfer. Beaucoup d'icônes nous montrent en dessous, dans un abîme noir, l'image répugnante de Satan, prince vaincu des ténèbres. Pour exprimer son caractère mensonger, sa duplicité, il est parfois représenté avec deux visages. Sur certaines icônes, surtout les plus tardives, on voit là une multitude de détails divers : les forces vaincues de l'enfer sous forme de chaînes brisées dont les anges lient Satan à son-tour, des clefs, des clous, etc...


Ayant forcé par Sa toute-puissance divine les liens de l'enfer, le Christ relève Adam du tombeau d'un puissant mouvement de Sa main droite. Eve, les mains jointes dans la prière, se lève après lui. Cette scène centrale de l'icône montre le but de la descente aux enfers — la rencontre du vieil Adam qui se voua lui-même et avec lui toute sa race à la mort et du nouvel Adam Qui détruisit la mort et fut les prémices d'une vie nouvelle pour l'humanité rénovée en Lui. Autrement dit, nous voyons là une représentation symbolique de la libération de l'âme d'Adam et avec lui des âmes des hommes qui attendaient avec foi la venue du Rédempteur. C'est pourquoi des deux côtés de cette scène nous voyons deux groupes de justes de l'Ancien Testament ; avec les prophètes en tête : à gauche (du spectateur) les rois David et Salomon vêtus de vêtements royaux, leur tête couronnée, et derrière eux Saint Jean-Baptiste ; à droite Moïse tenant les tables de la loi. Tous, ils reconnaissent immédiatement Celui Qui est descendu eux enfers et indiquent aux autres Celui dont ils prophétisaient la venue (6). Dans la partie supérieure de l'icône on représente parfois des anges, portant des instruments du martyre du Seigneur.


La descente en enfer fut le dernier pas que le Christ fit sur la voie de Son abaissement. C'est en descendant « dans les profondeurs de la terre » qu'Il nous ouvrit Ici la voie du ciel. Ayant libéré le vieil Adam et avec lui l'humanité entière .de l'esclavage de celui qui incarne en lui le péché, les ténèbres et la mort, Il posa le fondement d'une vie nouvelle pour ceux qui se joignent à Lui, formant une humanité régénérée. Ainsi le relèvement spirituel d'Adam dans l'icône de la Descente aux limbes est représenté comme une image de la future résurrection de la chair, résurrection dont celle du Christ est les prémices. C'est pourquoi, quoique cette icône exprime le sens de l'événement du Samedi Saint et est présentée à la vénération des fidèles ce jour-là, elle est une icône pascale, image de ce qui précède immédiatement le triomphe de la Résurrection du Christ et par conséquent de la résurrection à venir des morts.


« Ayant libéré, ceux qui étaient liés, le Christ est revenu d'entre les morts, nous ayant frayé la voie de la résurrection » dit Saint Jean Damascène poursuivant les paroles citées plus haut (7). Ce retour d'entre les morts, le mystère insondable de la résurrection du Christ, l'icône des Saintes Femmes au Tombeau le rend de la même façon que l'Evangile, en montrant uniquement ce que voyaient ceux qui se trouvaient près du sépulcre. Les Evangiles et la Tradition passent sous silence le moment même de la Résurrection du Christ ; l'icône ne le montre pas non plus. L'importance de ce silence est soulignée par l'Eglise Orthodoxe dans de nombreux textes qui indiquent l'inaccessibilité totale de cet événement. Ainsi, par exemple, dans le chant 6 du Canon pascal l'Eglise compare nettement la résurrection du Christ à Sa Nativité « Gardant intacts les scellés, ô Christ, Tu es ressuscité du sépulcre, Toi Qui n'avais pas violé les clefs de la Virginité dans Ta Nativité, et Tu nous as ouvert les portes du paradis ». De même que la Nativité de la Vierge, la Résurrection est glorifiée ici comme un mystère insondable, inaccessible à toute investigation. « Non seulement la pierre (qui refermait le tombeau) n'était-elle pas déplacée, mais même les scellés demeurèrent intacts et la vie resplendit du sépulcre tandis que le sépulcre était encore scellé ». Le Ressuscité sortit du sépulcre tout comme il devait plus tard entrer chez Ses disciples, les portes demeurant closes. Il sortit du sépulcre sans qu'aucun indice ne pût frapper l'œil d'un témoin (8). Dans la description de la Résurrection l'Evangile selon Saint Mathieu nous laisse entendre que les myrrhophores venues auprès du sépulcre furent témoins du tremblement de terre, de la descente de l'ange qui vint rouler la pierre refermant le sépulcre et de la frayeur des gardes (Matth. 28, 1-4). Toutefois ni elles, -ni encore moins les soldats qui gardaient le sépulcre ne furent témoins de la Résurrection du Christ. Selon l'Evangile l'ange avait roulé la pierre non pour permettre au Seigneur ressuscité de quitter le sépulcre, mais au contraire pour montrer qu'Il n'était plus dans le sépulcre : « Il n'est point ici ; Il est ressuscité », et pour donner à ceux qui cherchaient « Jésus qui a été crucifié » la possibilité de jeter un coup d'œil sur « le lieu où Il était couché » et de s'assurer que le sépulcre était vide. Il est donc clair que la Résurrection s'était produite avant la descente de l'ange, avant que la pierre eût été éloignée ; il s'était passé quelque chose d'inaccessible au regard humain, quelque chose d'inconcevable » (9). L'inaptitude de l'esprit humain à pénétrer cet événement et, par conséquent, l'impossibilité de le représenter sont précisément la raison de l'absence dans l'iconographie orthodoxe traditionnelle de la représentation du moment précis de la Résurrection.


En accord avec le récit évangélique l'icône représente la grotte du sépulcre dans laquelle se trouve un cercueil vide avec des bandes mortuaires. Un groupe de femmes myrrhophores tenant des vases d'aromates se tient à côté. Assis sur la pierre près du sépulcre un ou deux anges vêtus de blanc montrent aux Saintes Femmes l'endroit où avait reposé le corps de Jésus. La composition de cette icône se distingue généralement par une grande, simplicité, on pourrait dire même son caractère familier, si les anges ailés et vêtus de blanc ne lui conféraient une calme et sobre solennité. Plus tard, au XVII° siècle, vient s'ajouter à cette composition, en s'y mariant, une autre composition, également très ancienne : l'apparition du Christ à Marie-Madeleine (Marc, 16,9 ; Jean 20, 14-17). Cette représentation est due sans doute à l'apparition des représentations occidentales du Christ ressuscitant du tombeau. Répondant au besoin de voir le Seigneur ressuscité, les iconographes trouvent un moyen de Le représenter sur l'icône, sans entrer en contradiction avec le récit évangélique. Nous voyons ainsi dans une même composition deux moments différents : les Saintes Femmes qui se trouvent plus près du sépulcre écoutent les paroles de l'ange, tandis que Marie-Madeleine se retourne et voit le Seigneur Qui est représenté habituellement au centre de l'icône, parmi les rochers. Madeleine L’ayant pris pour un homme ordinaire, le jardinier, Son état glorifié, n'est indiqué d'aucune façon et on Le représente dans Ses vêtements habituels d'avant la Résurrection.


Comme on le sait, les Evangiles parlent différemment du nombre des femmes, myrrhophores ainsi que de celui des anges. C'est pourquoi, suivant le récit évangélique sur lequel se base la composition, leur nombre dans l'icône varie également. Ces différences ne sont, certes, pas des contradictions. Les Pères de l’Eglise, comme Par exemple Saint Grégoire de Nysse et Saint Grégoire Palamas, considèrent que les femmes myrrhophores étaient venues plusieurs.





Notes

1) Saint Grégoire le Théologien, Oraison 45, pour Pâques, P.G. 36, col. 624 BC.


2) Kurt Weitzmann, Byzantine Art and Scholarship In America, p. 408 (reprinted from American Journal of Archeology, Vol. LI, n° 4, october-december 1947). 


3)Livre 3, chap. 29, P.G. 94, col. 1101 A.


4) Le geste particulièrement fort du Rédempteur n'est sans douté pai une règle. Son mouvement est parfois plus calme; 'toutefois, dans certaines 'icônes

la violence .du geste est particulièrement soulignée. L'image reproduite ici repré . 

sente à ce point de vue le type mayen;


5) De Fide Orth. lib. 3,. cap. 27, P.G. 94, col: 1097 k


6) Une description remarquable de cette scène se trouve dans l'évangile apocryphe de Nicodème.


7) Ibid. chap. 29, P.G. 94, col. 1101 A.


8) Serge, Métropolite de Moscou « La Résurrection du Christ et la résurrection de Lazare », Moscou 14/27 avril 1933.

Jusqu'au début de la décadence à la fin du XVI° siècle on ne représentait jamais dans l'art iconographique russe le moment même de la Résurrection. Dans son article remarquable, le Patriarche, alors Métropolite Serge, en mentionnant la représentation du Ressuscité sortant du sépulcre, dit : « Il est aisé de voir combien le récit évangélique est déformé par cette représentation, ou plutôt par cette interprétation arbitraire ». Or, malheureusement, bien que cet article soit très répandu, la critique que fit le Patriarche Serge de cette représentation n'eut pas grand effet, et on peut rencontrer cette image dans presque toutes nos églises, dans les unes sur l'Evangile, dans les autres sur les bannières et les icônes. C'est pourquoi il nous parait opportun de donner ici un bref aperçu 1à-dessus. Le thème lui-même du Christ Se levant du sépulcre est d'origine byzantine ; il apparaît pour la première fois au IX° siècle dans le psautier nommé Khloudov, à titre d'illustration au verset 33 du psaume 9 (chez Segond ps. 10, v 12) « Lève-Toi, Eternel ! O Dieu, lève Ta main ». Il est à noter, il est vrai, que la ressemblance de cette illustration avec les images en question ne réside que dans l'idée : la représentation du Christ ressuscitant du tombeau. Plus tard ce sujet se répand et se développe en Occident, particulièrement à partir de la Renaissance, pour devenir l'unique représentation de la Résurrection du Christ ans l'Eglise romaine. Il apparaît dans l'iconographie russe à la fin du XVI° siècle sous l'influence de l'art religieux occidental. Cette représentation « de pure imagination » ainsi que la caractérise le Patriarche Serge, a beaucoup de variantes. C'est là une chose naturelle, car si le fait est unique, les idées qu'on se fait à son sujet peuvent être infiniment nombreuses. Suivant la fantaisie du peintre ces représentations nous montrent non seulement le Christ ressuscitant du tombeau, mais aussi des témoins de la Résurrection : des anges et des soldats ; souvent un ange roule la pierre qui fermait le sépulcre, afin que le Ressuscité puisse en sortir ; les soldats, à la vue du Ressuscité, tombent de frayeur ou se sauvent, etc... Autrement dit, les peintres ne se bornent pas à compléter les données de l'Evangile selon leur fantaisie en représentant le Ressuscité, c'est-à-dire en nous montrant ce qui était inaccessible à la perception humaine, mais encore en représentent des « témoins oculaires », ils entrent dans une contradiction complète avec le récit évangélique. Nous trouvons l'explication de la présence de ces « témoins » chez un auteur occidental du XIX° siècle, M. Didron, qui dit dans des notes accompagnant la description de l'iconographie de la Résurrection dans son « Manuel d'iconographie chrétienne » (Paris 1845) « …quand la foi s'affaiblit, quand la raison humaine excitée par Abélard demanda des preuves, les artistes désormais ne Le firent plus ressusciter à l'insu de tous, mais en présence de quelques soldats bien éveillés et qui purent témoigner de ce qu'ils avaient vu » (p. 200). En réponse, dirait-on, à ce raisonnement le Patriarche Serge dit : « S'il n'avait pas été donné aux Saintes Femmes d'être témoins de la Résurrection, il est d'autant plus évident que les gardes n'avaient pu la voir. D’ailleurs la conduite ultérieure des gardes eût été incompréhensible s’ils avaient été témoins de la Résurrection. Le centenier qui n'avait vu que la fin du Crucifié s’était écrié : « Assurément, cet Homme était Fils de Dieu ». Les témoins de la Résurrection auraient-ils pu demeurer indifférents ? De toute façon, ébranlés par un tel événement ne se seraient-ils pas laissés si facilement corrompre. Car il n’y a aucune raison de supposer que les gardes étaient aussi acharnés et endurcis que les scribes et les sacrificateurs » (ibid.).


9) Patriarche Serge, ibid.



 
 Nous remercions Mme Emilie Van Taack pour le partage de ce texte.

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